[RP] Une fratrie pour un ours

Elle n'avait aucune idée de ce à quoi ressemblait le domaine de La Force, mais une chose était sure, ça n'était pas de la taille d'un village, du moins le pensait-elle ne l'ayant jamais vu. Toujours est-il que c'est long pour la rousse, bien trop long le chemin qui permettra à son cul d'enfin quitter la selle de sa monture. Tout ce qu'elle voit, c'est le dos musclé de son amant et l'envie la démange de le rejoindre pour être à ses côtés. Mais respectant ses désirs, elle se contente de suivre... Enfin... pour l'instant...
par contre, dans le coche, les cris d'orfraie de sa fille, et les moqueries en réponse à leur soeur des deux garçons, en disaient long sur ce qu'ils pensaient de cette visite guidée. Elle tend l'oreille, essayant de deviner ce qu'ils se disent, mais en vain. Le ton semblant enjoué, la mère se rassure petit à petit.

Quand ils arrivent enfin dans la cour du château, un discret soupire de satisfaction sort des lèvres de Patt, tout cela prenait décidément beaucoup trop de temps pour elle. Elle saute à terre et tend ses rênes à Souffre qui gérera avec le personnel des écuries, elle fait craquer ses cervicales de la manière la moins gracieuse qui soit, se préoccupant comme d'une guigne de l'effet produit sur la maisonnée et n'a pas le temps d'objecter quand justement un des membres de cette maisonnée s'approche des malles sur le toit du coche. Soudain un cri, enfin deux, celui du valet qui vient de se faire pincer le doigt et celui de Vindict, perchée sur le toit du monde et bien décidée à le défendre.

Erf ! je suis désolée... Vous êtes allez trop vite.
Patt jette un regard fort mari à l'ours et récupère un gantelet de cuir dans ses fontes. Elle l'enfile et lève le bras en émettant un petit sifflement à peine audible. La buse bat des ailes en poussant quelques cris en direction du pauvre valet, et vient se poser sur l'avant-bras de la Sarladaise. Vindict file en surveillance et tu bouffes personne hein ! Après avoir donné quelques morceaux de viande séchée, elle projette son bras vers le haut et le rapace s'envole pour aller se percher en haut d'une haute tour. C'est alors que l'ours s'y met à son tour...

Le premier a avoir sauté hors du coche était évidemment Cantor, il avait oublié pour quelques instants ses récriminations pour regarder bouche bée la "défense du lieu", les soldats, les armes, les chevaux, bla bla bla... Ensuite avait suivi Lucie, jouant déjà les petite princesse, le menton relevé fièrement en constatant le nombre de personnes qui allaient être à leur petits soins et enfin Floris, plus circonspect. La fratrie était aussi dissemblable que possible de prime abord, entre Cantor qui est le portrait au masculin de sa génitrice, Lucie qui tient de son père biologique par sa tignasse blond vénitien, et d'on ne sait de qui par ses prunelles à la limite du mauve et Floris, les mêmes cheveux et les mêmes yeux que son père, blond vénitien et les yeux bleus acier. La ressemblance s'arrêtait là, il avait son intelligence certes, mais la mettait au service d'autrui, jamais de lui-même. Néanmoins, quand Arga y va de son petit discours, c'est ce dernier qui tique et plisse légèrement le regard. Patt connait bien son fils, elle le sait malin comme un singe, en l'observant, elle se dit que c'est lui qu'il faudrait tenir à l'oeil, pas les deux autres...
Et pour cause, Lucie, toute rosissante, est en train de faire une révérence des plus gracieuse et Cantor n'écoute même plus, le regard déjà perdu, sans doute dans le décompte des meurtrières, ou encore des archers, voire même de la taille des écuries... Exaspérée par le franc parler de son amant, l'air un peu trop arrangeant de Floris, la révérence trop appuyée de Mini-Chieuse et l'air totalement absent de Mini-Elle, la môme au loup finit par se planter près de leur hôte et toiser la fratrie.

Défroissez-vous un peu et lissez-moi ces tignasses rebelles ! Mélie ma douce, tu me surveilles ces trois larrons, je n'ai pas confiance. Erf ! Au fait !

Petite grimace d'excuse en direction de Mélie, et la rousse se tourne vers l'ours.

- Beau brun, je te présente Mélie, jeune et jolie brune narbonnaise qui m'a aidée à allaiter les petits quand ils sont venus au monde et qui ne nous a plus quittés depuis. Sans elle... 'fin bref...
- ravie de faire enfin votre connaissance Monseigneur...
- Tss...

Sur ces entrefaites, Patt prend le bras d'Argawaen et lui sourit gracieusement.

J'ai hâte de connaitre le reste de cet endroit impressionnant...

Et de le suivre... encore...

Le petit air satisfait de Mélie fait lever les yeux au ciel de la rousse. A part Michel évidemment, elle avait détesté, même sans les connaitre, les quelques hommes qui avaient traversé la vie de Patt. La primeur de son mépris et de sa colère étant pour le géniteur de la fratrie, et bien qu'il soit désormais mort, il était clair qu'elle le détesterai toujours pour ce qu'ils avaient enduré. Mais la Narbonnaise avait le sourire gracieux ce jour et, bien qu'elle connaisse par coeur la tribu et sache qu'il ne fallait pas se fier aux apparences, la rousse était soulagée. Avoir la réprobation de Mélie à gérer au quotidien pouvait être très pénible...

Ayant déjà alerté Mélie pour les enfants, Patt se concentre sur Arga. Que pensait-il de tout cela ? Comment voyait-il cette tribu indissociable, et encore tout le monde n'était pas là, peut s'en fallait, elle avait trois filleules, toutes de coeur, puisqu'aucune n'était baptisée, et elle avait toutes trois des caractères bien trempés. L'une d'elle, la plus ingérable, était impatiente de le connaitre, elle l'appelait même "l'ourson", et sa marraine avait bien du mal à imaginer comment son amant pourrait réagir si il l'apprenait un jour... L'ourson... Oxy me rendra folle de toute façon, déjà la caserne est sans dessus dessous... Mais pour le moment c'est lui qu'elle regarde, attentive à son langage corporel, il ne semble pas fatigué ou agacé, il pourrait même avoir un petit air heureux, mais elle n'en n'est pas sure.

Son bras accroché à celui de l'homme qu'elle aime, elle le suit vers les fameux jardins. Le soleil était là certes, mais les températures, hivernales. Elle se demandait ce qu'il pouvait bien y avoir à cette saison dans un jardin, les bruyères sans doute, quelques reste de bardane, les derniers artichauts de l'année plantés pour l'hiver, les choux, les dernières lavandes encore en fleur, la menthe présente quasiment à l'année, etc... Les jardins étaient plus des potagers que des jardins de fleurs, chaque plantation étant faite, soit pour se nourrir, soit pour soigner, soit pour les deux.
Elle écoute donc avec beaucoup d'attention les explications de leur hôte sur son jardin dont il semble très fier et sourit. Parfois il pouvait être surprenant, inattendu, et si attachant... Néanmoins, sa dernière question la fait sourire. Les hommes...

Et bien puisque tu le demandes, j'ai effectivement une question, enfin deux même...
Pourrais-tu nous indiquer un cabinet d'aisance car nous avons fait un long voyage et notre corps a ses impératifs et aurais-tu quelque chose à nous proposer pour grignoter et nous réchauffer un peu ?
Et je te cache pas, que je mettrais bien quelque chose de plus confortable que cette tenue de cavalier, plutôt poussiéreuse, il me tarde de voir tes jardins bien enveloppée dans mon manteau de fourrure mon amour...

Le sourire était taquin, mais Arga ne semblait pas se rendre compte ce qu'impliquait le déplacement de femmes et leur marmailles...